Dans la plupart des entreprises, les données sont encore vues comme un support, une commodité technique ou un actif caché. On les stocke, on les déplace, on les nettoie parfois, mais rarement on les pilote avec la même exigence que l’on pilote une ligne de production, une force commerciale ou une supply chain. Résultat : une perte de valeur colossale, une dépendance accrue aux systèmes et un manque de maîtrise au moment critique.

Les données : un capital business, pas un sous-produit IT

Chaque transaction, chaque commande, chaque interaction client génère de la donnée. Or, trop souvent, cette donnée est traitée comme une simple sortie d’ERP ou de CRM, sans responsabilité claire, sans indicateurs de performance, sans boucle de retour sur sa qualité et son impact.
Pourtant, c’est bien elle qui conditionne :

• la fiabilité des prévisions (ventes, stocks, production),
• la qualité de la relation client (erreurs de facturation, délais de livraison, cohérence des informations),
• la performance opérationnelle (taux de rebut, optimisation des flux, efficacité des équipes).

Ignorer cette réalité, c’est comme gérer une usine sans tableau de bord, ou une force de vente sans objectifs.

Pourquoi le pilotage est indispensable

Piloter la donnée, c’est appliquer les principes du business management à l’information :

• Objectifs clairs : que doit permettre cette donnée ? Améliorer la marge, réduire les erreurs, fluidifier les processus ?
• Processus définis : qui produit, transforme et consomme la donnée ? Où sont les risques de rupture ?
• Indicateurs de suivi : quels sont les niveaux de qualité, de disponibilité et d’usage attendus ?
• Responsabilités attribuées : qui est accountable de la fiabilité de cette donnée, au même titre qu’un manager l’est pour son budget ?

Sans pilotage, l’entreprise subit ses données au lieu de les maîtriser. Avec pilotage, elle transforme un coût invisible en levier de performance mesurable.

De la gouvernance figée au pilotage agile

Trop de programmes data échouent parce qu’ils abordent le sujet uniquement sous l’angle « gouvernance » : chartes, règles, outils, souvent déconnectés du quotidien. Cela revient à écrire des manuels sans jamais monter dans l’avion.

Le pilotage agile repose au contraire sur une logique cas d’usage :

1. Identifier les irritants métiers causés par les données (ex. erreurs clients, retards logistiques, marges érodées).
2. Structurer le cycle de vie des données critiques liées à ces irritants.
3. Mettre en place des actions correctives rapides (processus, responsabilités, outils).
4. Mesurer la valeur créée (réduction d’erreurs, gain de temps, meilleure satisfaction client).
5. Industrialiser progressivement.

Ainsi, on aligne directement le pilotage de la donnée avec la performance business, sans attendre un « grand soir » technologique.

Les bénéfices d’un vrai pilotage des données

Les entreprises qui considèrent leurs données comme une activité business à part entière en tirent des bénéfices tangibles :

• Réduction des coûts cachés : moins d’erreurs, moins de retraitements, moins de frictions internes.
• Accélération de la prise de décision : accès direct à des données fiables et prêtes à l’usage.
• Meilleure expérience client : cohérence et fiabilité renforcent la confiance.
• Avantage concurrentiel durable : la donnée devient un actif activable et différenciant.

La donnée : un centre de profit, pas un centre de coûts

Traiter la donnée comme un centre de coûts, c’est la condamner à rester secondaire. La traiter comme un centre de profit potentiel, c’est lui donner une place stratégique au cœur de l’activité.
Cela demande une discipline : clarifier les attentes, structurer les responsabilités, activer les cas d’usage, et piloter les résultats dans la durée.

Les entreprises qui franchissent ce cap ne se contentent plus d’avoir des bases de données ou des tableaux de bord : elles transforment leurs données en un levier business, piloté avec la même rigueur qu’une activité clé.